Bonjour, Nicolas, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer ce qui vous anime dans votre démarche artistique avec l’IA ?
Je viens du motion design et du compositing. Je travaille dans ce domaine depuis 2012, ce qui m’a permis de développer une approche très pragmatique de l’image. Quand je parle de « transmission émotionnelle », ce n’est pas juste une idée : mon objectif est de faire oublier l’outil IA au spectateur. Je veux qu’il soit plongé dans le film, qu’il vive une vraie expérience esthétique et immersive. Le défi, c’est justement d’éviter que l’IA casse cette immersion.
Parlez-nous de votre film « The Russian Sleep Experiment ». Avec quels outils l’avez-vous conçu ?
Le film repose en grande partie sur Midjourney, que j’utilise depuis la version 3. C’est l’outil qui m’a offert le plus de contrôle créatif, notamment grâce à ses fonctions avancées de cohérence visuelle (comme l’option cref pour stabiliser l’identité des personnages). Pour générer les plans, je faisais souvent plusieurs itérations jusqu’à obtenir la justesse esthétique recherchée.
J’ai ensuite utilisé Runway pour le traitement vidéo et l’upscale, car il permet de produire des rendus en 4K directement exploitables, notamment sur les plans à forte présence de visages ou de mouvements.
Pour deux séquences spécifiques, j’ai intégré Kling, un outil intéressant qui permet d’associer un personnage à un décor ou à un accessoire dans une logique narrative. Cela m’a permis de composer des plans complexes, comme celui des scientifiques en combinaison stérile approchant une porte.
Tout le reste a été finalisé avec des techniques classiques de compositing et de motion design, en combinant images générées et éléments retravaillés manuellement.
Une fois vos images créées, comment s’est déroulée la post-production ?
J’ai utilisé Adobe After Effects pour tout le travail de post-prod : superpositions, mouvements de caméra, ajout de grain, d’un léger flou, retouches chromatiques… Ce sont ces éléments qui m’ont permis de donner une identité forte au film. Le style 8 mm, volontairement granuleux, m’a aussi permis d’éviter les upscales trop poussés de type Topaz.
Quelle est votre vision de l’esthétique dans les films générés par IA ?
L’image IA a souvent une signature reconnaissable : des contrastes trop équilibrés entre zones claires et sombres, un grain artificiel… Il faut gommer ça. Je préfère proposer une direction artistique claire, des palettes cohérentes, et surtout une esthétique de cinéma. Ce n’est pas le spectaculaire qui m’intéresse, mais la cohérence visuelle et émotionnelle.
Vous avez remporté un prix au WAFF, avez-vous soumis « The Russian Sleep Experiment » à d’autres festivals ?
WAIFF était un vrai moment de reconnaissance. Et je vais probablement le soumettre pour le festival adossé à la Mostra de Venise. Cependant, il faut gérer les exclusivités et je ne peux le partager complètement avec le public pour l’instant. En effet, certains festivals refusent qu’un film soit visible en ligne, donc je n’ai pas publié l’intégralité du film sur YouTube. Seules les deux premières parties sont visibles, la fin reste privée pour respecter les règles.
Pour finir, dites-nous quel est le positionnement d’Awai Studio ?
Nous avons une vraie ambition d’auteur. On propose de l’accompagnement créatif, on fait de la pub aussi, mais notre cœur de métier, c’est le cinéma et les nouvelles écritures. Ce qui nous distingue, c’est l’exigence esthétique et émotionnelle, pas juste le fait d’utiliser de l’IA.
Ce que nous faisons chez Awai Studio, c’est proposer des films IA avec une vraie exigence artistique. On n’est pas là juste pour générer des images « waouh », mais pour raconter, toucher, et faire du cinéma autrement.