Avant toute interview, une préparation solide s’impose. Utiliser un modèle d’IA comme ChatGPT, Claude ou Mistral permet de gagner du temps tout en élevant la qualité du travail. On commence par générer une fiche de profil synthétique de l’invité, comprenant sa biographie essentielle, ses dernières actualités et, si besoin, les éventuelles controverses qui gravitent autour de lui. Cette base permet d’aborder l’entretien avec une vision claire de l’interlocuteur, au-delà des clichés.
Méthodologie
« Recherche des informations sur [Nom de l’invité] à partir de son LinkedIn, de ses apparitions dans les médias récents et de toute source fiable accessible sur le web.
- Résume sa bio en 100 mots maximum : faits, titres de postes, évolutions de carrière, actualité récente (moins de 6 mois).
- Trouve 1 succès ou projet notable de cette année, avec date et impact chiffré si disponible.
- Repère 1 controverse ou critique récente, en 3 phrases claires et sans euphémisme.
- Dégaine 1 citation forte utilisée par [Nom de l’invité] dans une interview, un post LinkedIn, un article ou une conférence.
- Liste 5 angles d’attaque originaux pour l’interviewer : zones d’ombre, contradictions, changements de cap, sujets décalés, provocations possibles.
- Aucune paraphrase inutile. Priorité à l’efficacité et à l’inédit. »
Ensuite, l’IA peut aider à construire une liste de quinze à vingt questions, soigneusement classées par grands thèmes. Travailler ainsi par thématique n’est pas un luxe : cela évite de sauter du coq à l’âne pendant l’entretien et donne au journaliste un fil rouge clair à suivre, sans l’obliger à s’y enfermer. Cette organisation permet aussi de mieux piloter l’interview selon le temps imparti : on sait à tout moment quels sujets ont été abordés et lesquels restent en réserve. Chaque question est pensée non pas pour enchaîner mécaniquement des réponses, mais pour ouvrir un espace de dialogue, déclencher des récits, faire surgir des anecdotes. L’idée est de provoquer des réponses riches, inattendues, incarnées — tout ce qui différencie une vraie rencontre journalistique d’un questionnaire robotique sans âme.
Pour aller plus loin, il est indispensable d’anticiper plusieurs scénarios de réponses typiques. L’IA peut simuler différentes attitudes de l’invité : réponse évasive, prise de position forte, anecdote personnelle, ou tentative de détourner la question. Cette simulation permet de ne pas arriver à l’entretien à l’aveugle : on prépare des relances adaptées pour chaque type de réaction, qu’il s’agisse de pousser l’invité à préciser, de le contredire intelligemment ou d’approfondir un point sensible. Ce travail d’anticipation réduit considérablement les temps morts et les blocages en direct. Cela donne aussi un net avantage psychologique : même si l’échange bifurque, même si un sujet devient glissant, le journaliste garde la main sans paniquer, et peut ramener la conversation là où elle devient vraiment intéressante. Moins d’hésitation, plus d’impact.
Règles d’or pour anticiper avec l’IA avant une interview
1 réponse = 1 relance en réserve
Pour chaque réponse probable, simulée par l’IA, prévoir une relance spécifique (question de précision, contradiction douce, élargissement).
Prévoir 4 types de réactions
Pour chaque sujet sensible, se préparer à :
- une réponse évasive
- une réponse offensive
- une anecdote inattendue
- un refus de répondre
Ne jamais accepter une réponse unique
Toujours préparer 2 à 3 niveaux de relances sur un même sujet : soft (relance légère), medium (insistance polie), hard (mise en contradiction ouverte).
Savoir où couper et où creuser. Identifier dès la préparation les thèmes où il faudra insister coûte que coûte, et ceux qu’on pourra abandonner sans regret si l’invité bloque.
Enfin, pour éviter les questions redondantes déjà posées mille fois ailleurs, l’IA devient un outil précieux : elle peut analyser rapidement un large corpus d’interviews existantes de l’invité et en extraire les sujets les plus fréquemment abordés. Cela élimine d’emblée les poncifs afin d’aller chercher activement des zones encore inexplorées. Miser sur des terrains originaux n’est pas seulement une coquetterie : c’est une stratégie d’impact.
Un invité qui entend une question vraiment nouvelle sort de son discours automatique ; il s’implique davantage, livre souvent des réponses plus sincères ou plus inattendues. Et dans un univers médiatique saturé, c’est précisément ce type de moment rare qui capte l’attention du public, marque les esprits et différencie une interview qui s’oublie d’une interview qui s’imprime.
Les angles décalés
Artistes
- Question classique: « Quelle est votre inspiration ? »
- Angle décalé: « Quelle œuvre rêveriez-vous de détester publiquement sans jamais oser ? »
- Autre piste: « Quel projet vous embarrasse aujourd’hui, même s’il a été salué à l’époque ? »
Politiques
- Question classique: « Quels sont vos objectifs pour ce mandat ? »
- Angle décalé: « Quelle est la décision la plus impopulaire que vous regrettez de ne pas avoir prise ? »
- Autre piste: « Quel mensonge politique vous fascine chez vos adversaires (et que vous auriez aimé inventer) ? »
Influenceurs/Créateurs de contenus
- Question classique: « Comment avez-vous construit votre communauté ? »
- Angle décalé: « Quel post ou vidéo vous hante encore la nuit tellement vous la trouvez ratée ? »
- Autre piste: « Si votre compte disparaissait demain, que feriez-vous différemment pour ne pas redevenir célèbre ? »
Laisser respirer l’interview sans lâcher le volant
Pendant l’interview, la priorité absolue reste la présence et la souplesse. Il est essentiel d’amener ses questions sous une forme visuelle légère : carte mentale ou grille simplifiée, jamais une liste rigide. Cette approche évite de devenir l’esclave d’un script pré-écrit et permet de rebondir naturellement, sans avoir à baisser les yeux toutes les trente secondes pour chercher la « bonne » question suivante.
Rester à l’écoute réelle est une règle non négociable. Une interview réussie naît souvent d’une bifurcation inattendue : un mot, une anecdote, une émotion qui surgit soudainement. Il faut être prêt à abandonner totalement le plan prévu pour suivre cette piste vivante, même si cela veut dire oublier la moitié des questions préparées. L’authenticité de l’échange passe avant la complétude du questionnaire.
En parallèle, il est stratégique de garder en tête les relances construites à l’avance avec l’IA. Elles servent de munitions discrètes : si l’invité reste vague ou tourne autour du pot, le journaliste peut immédiatement recadrer sans perdre le fil. Mais si l’invité s’enflamme sur un sujet inattendu, il serait absurde de le forcer à revenir dans un cadre artificiel. L’improvisation maîtrisée devient alors la clé : utiliser ce que l’IA a préparé, sans s’y enfermer.
Après l’interview, le traitement assisté
Après l’interview, le travail ne fait que commencer. Il est impératif d’enregistrer l’audio – toujours avec l’accord explicite de l’invité — pour éviter toute perte d’information et sécuriser l’intégralité de l’échange. Ensuite, passer par une IA de transcription rapide, comme Whisper, permet de gagner un temps considérable tout en obtenant une base textuelle exploitable immédiatement.
À partir de cette transcription brute, l’IA devient un allié précieux pour accélérer la mise en forme. Il est utile de lui demander de produire une première version propre de l’entretien, en format « question/réponse » clair et fluide. L’IA peut également extraire les citations fortes, les punchlines et tous ces moments de vérité qui donneront du relief au futur article. Elle peut même proposer plusieurs titres et sous-titres possibles, ce qui ouvre des pistes éditoriales nouvelles.
Mais attention : l’étape finale doit absolument rester humaine. C’est au journaliste de reprendre le texte, d’élaguer les longueurs inutiles, d’ajuster le rythme, et surtout de préserver l’esprit réel de l’échange. L’IA fournit une matière rapide ; seule l’oreille humaine peut entendre où se niche la nuance.
Augustin GARCIA
Buzzee Talk à la rescousse
Au-delà du savoir-faire, disposer des bons outils accélère le traitement de la matière. Whisper et Otter.ai facilitent la transcription rapide, mais nécessitent d’avoir un enregistrement au bon format. Un périphérique extérieur comme le Plaud peut transformer votre mobile en enregistreur avec transcription intégrée. Pratique, mais la qualité du son reste une variable critique qui peut tout gâcher.
Avec Buzzee Talk, cette dépendance disparaît. La solution s’intègre directement à votre mobile, quel que soit l’opérateur (Orange, Free, etc.), le système (Apple ou Android) ou le modèle du téléphone. Tous les appels émis ou reçus peuvent être automatiquement transcrits, résumés avec précision, et même interrogés a posteriori pour retrouver une citation ou une idée précise.
Associée à une phase rapide de relecture et de réécriture humaine, Buzzee Talk permet de disposer d’une première version exploitable — voire publiable — en moins de 30 minutes après la fin de l’entretien. Il ne reste plus qu’à relire, valider… ou décider de pousser encore plus loin le texte selon la ligne éditoriale.