Derrière sa syntaxe austère, le JSON séduit autant les technophiles que les pros du contenu, du marketing ou de la création. Moins d’ambiguïté, plus de contrôle, et surtout une IA qui répond (enfin) comme on l’attend. Reste une question : ce nouveau langage de dialogue est-il réservé aux geeks… ou est-ce l’avenir de la conversation homme-machine ?
Un vieux format, un nouveau superpouvoir
Le JSON, pour JavaScript Object Notation, c’est à la base un simple format d’échange de données utilisé dans les API. En clair : un truc de développeurs. Mais depuis l’explosion des intelligences artificielles génératives comme GPT-4, Claude ou Mistral, ce langage structuré est en train de devenir le grimoire magique du prompt engineering (la science d’écrire des prompts efficaces). Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il permet de poser les choses proprement : qui fait quoi, sur quoi, comment, avec quelles contraintes.
Un prompt en JSON, c’est comme passer d’une consigne vague à un brief béton. Prenons un exemple concret :
Au lieu d’écrire :
« Écris une biographie courte de Marie Curie en mettant en avant ses découvertes scientifiques et son rôle de femme pionnière. »
{
"task": "write_biography",
"subject": "Marie Curie",
"length": "short",
"focus": ["scientific discoveries", "pioneering role as a woman"]
}
Ce prompt, une fois interprété par un modèle avancé, produit souvent un texte plus pertinent, structuré et fidèle à la demande initiale.
Trois raisons pour lesquelles cela cartonne
Si le JSON fait son chemin hors des bureaux de développement, ce n’est pas un hasard. Il coche trois cases essentielles :
- Clarté maximale
Fini les sous-entendus ou les prompts à rallonge flous. Le JSON oblige à structurer sa pensée. Et ça, l’IA adore. - Fiabilité renforcée
Moins d’imprécisions, donc moins de « hallucinations ». Quand l’IA comprend mieux, elle se plante moins. - Industrialisation facile
Dans les workflows professionnels, on peut facilement copier-coller une structure JSON, la modifier à la volée, et répéter une tâche 50 fois sans perte de qualité.
Pour Guillaume L., data scientist dans une agence de communication, « le JSON a permis de standardiser les demandes à ChatGPT. Nos équipes marketing, design et contenu utilisent le même squelette de prompt. On a réduit de moitié les erreurs de compréhension de l’IA. »
Mais tout le monde peut-il s’y mettre ?
C’est là que le débat s’ouvre. Car si le JSON est compréhensible par la majorité des modèles, il n’est pas toujours naturel. Certes les profils techniques ou les curieux, écrire un prompt en JSON n’est pas très compliqué. C’est même plutôt logique. Il suppose juste de maîtriser une certaine syntaxe, avec des accolades, des guillemets, des doubles points… Mais pour une personne lambda, c’est moins évident. Le format impose une rigueur et une syntaxe qui peuvent rebuter.
Marine D., journaliste indépendante, nuance : « J’ai essayé plusieurs fois d’utiliser le JSON, mais je perds du temps à structurer mes idées. J’obtiens de bons résultats en langage naturel. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de compliquer les choses ? »
Un point de vue que partagent de nombreux utilisateurs occasionnels, pour qui la simplicité prime sur la rigueur.
Les IA comprennent-elles vraiment mieux le JSON ?
C’est là que ça devient intéressant. Même si OpenAI ou Anthropic ne le clament pas officiellement, les retours utilisateurs convergent : sur les tâches complexes, structurées ou techniques, le JSON améliore nettement la qualité des réponses.
Car si vous demander à l’IA Générative de rédiger un rapport, de générer un tableau comparatif, d’écrire 10 fiches produits ou de simuler des profils persona : le JSON de découpera la tâche en un prompt structuré structurant, notamment sur des tâches complexes, à forte contrainte ou répétitives, plus facile à comprendre pour l’IA.
Mais attention : sur des tâches plus « flottantes » comme écrire une chanson, inventer une histoire drôle ou trouver un slogan, le langage naturel garde sa place. L’IA a besoin de créativité, pas d’un plan comptable. C’est comme guider un artiste avec une feuille Excel, cela peut fonctionner, mais ce n’est pas très inspirant.
Vers une standardisation silencieuse
De plus en plus de plateformes no-code intègrent en coulisses des prompts en JSON, sans même que l’utilisateur s’en rende compte. On clique, on sélectionne, et derrière… un JSON bien propre est envoyé à l’IA.
Même logique du côté des plugins, des API ou des assistants IA intégrés dans les outils métiers : Notion AI, Canva, Zapier, ou les CRM intelligents. Le prompt JSON devient le langage intermédiaire invisible entre le clic utilisateur et la réponse IA. Une tendance qui pourrait se généraliser à mesure que les interfaces se complexifient, notamment dans les métiers du marketing, du droit, de l’enseignement ou de la production audiovisuelle.
JSON : une arme puissante, pas une obligation
Faut-il passer tous ses prompts au format JSON ? Non. Mais faut-il savoir le manier ? Clairement oui, mais avec discernement. Car dès qu’on veut un peu de rigueur, de standardisation ou de collaboration en équipe, structurer ses consignes devient un vrai levier de performance. C’est un peu comme passer d’un post-it griffonné à un plan d’action clair. Même si c’est un peu plus sec, ça marche mieux.
Mais pour les usages plus conversationnels, exploratoires ou créatifs, le langage naturel reste tout à fait performant… parfois même plus riche. L’important est de savoir adapter son prompt à l’objectif, plutôt que de plaquer une méthode unique.
Alors, geek ou pas geek, si vous voulez vraiment exploiter la puissance de l’IA, il est peut-être temps d’apprendre à parler… en accolades.
Augustin GARCIA
Autopsie d’un prompt JSON
Ce prompt JSON, intitulé “MacBook Pro Studio Transformation”, est un excellent exemple de structuration précise au service d’une création audiovisuelle. Conçu comme un storyboard codé, il combine des métadonnées visuelles (style, lumière, éléments présents) avec une timeline narrative détaillée seconde par seconde.
La section "metadata"
définit le cadre visuel et technique : un studio vide en 4K, une prise de vue fixe, une esthétique photoréaliste. Les éléments-clés comme le MacBook Pro ou les équipements professionnels sont listés dans "key_elements"
et "assembled_elements"
, garantissant une clarté maximale pour l’IA.
Mais la vraie force du prompt réside dans sa "timeline"
: découpée en séquences, elle orchestre l’animation avec une précision quasi-cinématographique. Chaque "action"
est couplée à un "audio"
, créant une expérience multisensorielle complète, de l’ambiance initiale au chime final.
Ce type de prompt illustre parfaitement le potentiel du JSON : rigueur, clarté, synchronisation, le tout sans ambiguïté. Un langage simple, mais redoutablement efficace pour guider une IA visuelle comme un vrai réalisateur.
{
"metadata": {
"prompt_name": "MacBook Pro Studio Transformation",
"base_style": "cinematic, photorealistic, 4K",
"aspect_ratio": "16:9",
"room_description": "An empty, large, modern studio space with concrete floors, white acoustic walls, and soft ambient lighting.",
"camera_setup": "A single, fixed, wide-angle shot. The camera does not move for the entire 8-second duration.",
"key_elements": [
"A closed MacBook Pro, centered on the floor, glowing Apple logo visible"
],
"assembled_elements": [
"4K video camera on tripod",
"key light with softbox",
"RGB LED backlights",
"external monitor",
"audio interface",
"studio microphone with boom arm",
"noise-cancelling headphones",
"ergonomic studio chair",
"standing desk",
"green screen background",
"teleprompter",
"stream deck controller",
"backup SSD drives",
"wireless keyboard and mouse",
"multi-port Thunderbolt dock",
"cable management trays",
"power strip with surge protection",
"decorative sound panels",
"indoor potted plant"
],
"negative_prompts": [
"no people",
"no text overlays",
"no branding except Apple logo",
"no distracting music"
]
},
"timeline": [
{
"sequence": 1,
"timestamp": "00:00-00:01",
"action": "A closed MacBook Pro sits silently in the center of an empty studio space. The Apple logo glows softly.",
"audio": "A deep ambient hum begins to fade in, evoking power and anticipation."
},
{
"sequence": 2,
"timestamp": "00:01-00:02",
"action": "The MacBook Pro vibrates subtly, then opens by itself with a mechanical click. A ring of light pulses out from it.",
"audio": "Soft mechanical click followed by a radiant whoosh and low digital pulse."
},
{
"sequence": 3,
"timestamp": "00:02-00:06",
"action": "Hyper-lapse: Devices emerge from the MacBook in bursts of energy and self-assemble across the room. The studio space fills with professional equipment.",
"audio": "A dynamic blend of fast-paced electronic ASMR: connector clicks, gear snapping, power surges, ambient swooshes."
},
{
"sequence": 4,
"timestamp": "00:06-00:08",
"action": "The last element—the green screen—unrolls smoothly behind the desk. Lights flick on one by one. Everything is ready. Silence settles.",
"audio": "Final soft ‘floomp’ of the screen, then a subtle electronic chime signaling completion. Studio ambience hum resumes quietly."
}
]
}