Je reviens d’un séminaire avec des étudiants en Master 2 d’inbound marketing. De futurs experts du web. Des pros du funnel. Et tu sais ce qui m’a sauté à la gueule ? Ils n’utilisent plus Google. Zéro. Nada.
Une question ? ChatGPT. Un doute ? ChatGPT. Un exposé à faire ? ChatGPT, encore. Pas comme un gadget. Comme le moteur de recherche. Sans détour, sans hésiter.
Et tu veux que je te dise ? C’est à la fois fascinant… et terrifiant.
Parce que, soyons honnêtes deux minutes : construire un raisonnement critique uniquement sur des réponses générées par une IA, c’est comme apprendre à nager avec des brassards troués. Mais bon, ce n’est pas le débat ici.
Le vrai sujet, le fond de l’histoire, c’est celui-ci :
Le SEO est-il déjà mort… et on n’a juste pas reçu le faire-part ?
Réponse rapide ?
Oui.
Non.
Peut-être.
(À toi de gratter la boule de cristal.)
Google a enfanté le monstre qui va l’achever
Il y a un vieux paradoxe bien connu chez les chercheurs en innovation : l’innovator’s dilemma. Cette situation absurde où une boîte, pour rester au top, mise sur une techno qui va niquer son propre modèle économique.
Google, c’est ça.
Ils ont misé gros sur l’IA générative. Et maintenant ? Ils découvrent qu’ils ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis depuis 20 ans.
Parce qu’une fois que l’on comprend ce que permet un transformer — non, pas le robot, l’architecture qui propulse toute cette folie — tout s’éclaire : une IA qui comprend le contexte, qui synthétise, qui raisonne… c’est une IA qui remplace Google, pas qui le complète.
Avant : 10 liens bleus.
Aujourd’hui : une réponse directe.
Demain : une réponse que toi-même, humain ringard, tu ne peux plus vraiment vérifier.
Gemini, ex-Bard, n’est plus un moteur de recherche. C’est un moteur de réponses.
Et en face ? ChatGPT, Perplexity, Claude, et toute une armée d’assistants qui ponctionnent le web sans jamais dire merci. Là où ça devient vraiment drôle (ou flippant) c’est quand on entend parler de « SEO pour ChatGPT ». Spoiler : ça ne veut rien dire si tu ne piges pas la différence entre :
- Ce que l’IA a bouffé pendant son entraînement (si tu n’es pas dedans, tu n’existes pas),
- Et ce qu’elle va chercher en live dans Bing ou Google (là, tu as encore une chance d’exister).
La recherche « informationnelle » ? Elle va finir au cimetière numérique
Tu connais les 4 grandes intentions de recherche ?
Informationnelle. Navigationnelle. Transactionnelle. Commerciale.
Oublie la première. Elle est en PLS.
Pourquoi cliquer sur un lien quand l’IA te balance la synthèse de cinq articles en trois secondes, sans cookies, sans pub, sans popups qui hurlent « ABONNE-TOI À LA NEWSLETTER » ?
Tous les sites qui vivaient du trafic info, du bon vieux SEO de contenu, vont se prendre une claque.
Pas demain. Pas partout. Mais c’est inévitable. C’est structurel. C’est déjà en cours.
On ne tape plus « quelle est la meilleure heure pour poster sur Instagram ». On demande à ChatGPT.
Et lui, il ne fait pas de cadeau niveau attribution. Ciao les clics. Ciao la visibilité.
Le SEO n’est pas mort. Il s’est juste barré ailleurs
Non, on ne va pas enterrer le SEO comme ça. Mais faut arrêter de croire qu’on joue encore le même jeu.
Le SEO des années 2010, c’est terminé.
Bye bye les balises meta bien soignées, les snippets léchés, les FAQ planquées en bas de page pour choper des features. Game over.
Et pourtant, ironie suprême : Google te répète que les balises schema.org sont plus importantes que jamais.
Ah bon ? Ce n’est pas ce qu’on disait déjà il y a dix piges ?
Si.
Et c’est maintenant que ça devient (enfin) vrai. Faut croire que le karma SEO existe.
Bienvenue dans l’ère du SEO branding
Le nouveau terrain de jeu, c’est le branding.
Ce que j’appelle, sans trembler, le SEO branding !
Avant, tu voulais ranker sur « faire un plan marketing ».
Maintenant, tu veux que ChatGPT dise : « D’après le site TonNomDeMarque.com… »
Tu veux exister :
- Dans les datasets
- Dans les citations
- Dans les prompts
- Dans la mémoire des IA
- Et, accessoirement, dans la tête des gens
Et pour ça, oublie les backlinks bidons et les fermes à contenu.
Pense :
- Backlinks qualis, ciblés
- Posts de fond sur LinkedIn, Medium, peu importe — faut que ça claque
- Du contenu pensé pour le EEAT : Expertise, Experience, Authoritativeness, Trustworthiness
Tu n’optimises plus pour Googlebot.
Tu optimises pour qu’une IA te recopie.
Le vrai KPI ?
Être dans la réponse.
Pas dans la SERP.
Ton objectif demain ?
Ce n’est pas le trafic.
C’est l’autorité perçue.
C’est de voir ton nom, ton contenu, tes idées… intégrées directement dans la réponse d’un assistant.
Gemini dit : « Selon les experts du site X… »
Perplexity dit : « Le cabinet Y recommande… »
ChatGPT dit : « Z estime que… »
Bingo.
Tu as gagné.
Et pour ça, il te faut :
- Du contenu béton, avec angle, data, autorité
- Un maillage intelligent (pas juste SEO, mais logique, narratif)
- Des formats « absorbables » par l’IA : bullet points, résumés, FAQ
- Une présence éditoriale multi-plateforme. Tu es partout, t’es visible, t’es solide.
Et maintenant, tu fais quoi ?
Tu continues d’écrire pour Google ?
Ou tu réalises que ton lecteur numéro 1, c’est un LLM sans visage, mais avec une mémoire redoutable ?
Moi j’ai choisi.
Le SEO de demain, c’est :
- 50 % prompt engineering (pour créer du contenu IA-compatible)
- 50 % branding sémantique (pour devenir source, pas juste résultat)
Le reste ? Ce sera automatisé. Industrialisé. Avalé par des scripts.
Mais la mission reste la même : Être là où les gens trouvent leurs réponses.
Et ces réponses, elles passent de moins en moins par une SERP.
Trop tard, tu as tout lu.
Mais retiens ça :
✅ Le SEO n’est pas mort. Il a muté.
⚠️ Le trafic informationnel ? Bouffé par les IA.
🎯 L’objectif : apparaître dans la réponse. Pas juste dans les résultats.
🏹 Ton arme ? SEO branding + autorité + omniprésence.
🧠 Ton audience ? Les IA. Et elles, elles n’oublient pas.
Tu veux jouer encore au SEO comme en 2015 ?
Libre à toi.
Mais pendant que tu bricoles tes méta descriptions, d’autres marquent la mémoire des machines.
À toi de voir.
Sébastien GRILLOT