Sources des biais dans les IA
Biais des données : les modèles apprennent sur des corpus issus d’internet, eux-mêmes chargés de stéréotypes, d’inégalités de représentation et de points de vue dominants (surreprésentation des cultures nord-américaines).
Biais d’entraînement : certains choix techniques (nettoyage, pondération, filtrage) influencent la manière dont l’IA hiérarchise l’information.
Biais d’interaction : les questions posées, le ton ou le contexte guident fortement la réponse générée.
Biais d’usage : la manière dont un communicant exploite la production de l’IA (copie-coller, recontextualisation, absence de vérification) peut renforcer la partialité.
Exemples concrets dans la communication
Représentations visuelles : si on demande à une IA de générer « un PDG », elle produit souvent un homme blanc en costume, révélant un biais culturel.
Ton et langage : sur des thématiques sensibles (genre, politique, religion), l’IA peut produire des formulations stéréotypées ou édulcorées.
Recherche d’idées créatives : l’IA privilégie ce qui est le plus courant dans ses bases (mainstream) au détriment de l’originalité ou de la diversité.
Traductions et contextes culturels : risque d’effacement des nuances locales ou de biais anglo-centrés.
Enjeux pour les communicants
Crédibilité : reprendre un contenu biaisé d’IA peut décrédibiliser un message.
Éthique : une communication qui amplifie des clichés ou invisibilise certaines populations peut nuire durablement à l’image d’une marque.
Créativité : les biais poussent à uniformiser les productions, ce qui menace la différenciation.
Responsabilité : le communicant doit garder la main sur la validation, la vérification et l’adaptation des contenus générés.
Quelles parades ?
Dans un contexte où les IA génératives introduisent mécaniquement des biais dans les contenus, une équipe de communication doit mettre en place des procédures simples, mais systématiques. Tout commence par un brief structuré, organisé en deux volets : d’un côté les objectifs et les résultats attendus, de l’autre les angles interdits, les publics visés et les sensibilités culturelles à respecter. Une fois ce cadre posé, les productions de l’IA doivent être testées par itérations A/B. En effet, changer la langue du prompt, inverser l’ordre des informations ou injecter volontairement des contre-exemples permet de repérer les dérives et de mesurer la robustesse des réponses.
Pour les visuels, une checklist d’inclusivité s’impose : représenter la diversité des genres, des âges, des teints et des morphologies, tout en bannissant les clichés de rôle (la secrétaire féminine, le PDG masculin, etc.). Sur les contenus factuels, la règle est claire : trois sources vérifiables, sinon l’honnêteté d’un « je ne sais pas ». Cette exigence doit s’accompagner d’une relecture humaine à trois niveaux : éditoriale pour la cohérence, juridique pour la conformité et culturelle pour l’adaptation au public local.
Un espace de tests, ou « sandbox », peut être utilisé pour pousser l’IA sur des sujets sensibles, détecter les stéréotypes et mesurer les variations de sortie. Chaque étape doit être documentée dans un journal de prompts, qui conserve les inputs, les outputs, les décisions de correction et les motifs d’un refus de publication. Parallèlement, un gel de style fixe les règles de ton et de lexique pour chaque marché, avec des exemples à suivre, des expressions interdites et un corpus de référence.
Enfin, il est essentiel de séparer la phase d’idéation de la production finale. L’IA sert à générer des pistes et des options, mais le texte publié, la vidéo mise en ligne ou le visuel diffusé doivent rester des réalisations validées et assumées par l’équipe de communication.