Alban PELTIER
CEO et Co-fondateur @ antvoice
Alban évolue dans le digital depuis 20 ans, et a multiplié les expériences dans des startups (iBazar, Sporever), de grands groupes (MSN), ou en tant que business angel (Geolid, MHD) et entrepreneur (Looneo).
Comme nombre d’entre vous, je suis un fan de #QVEMA (l’émission de M6 « Qui veut être mon associé ? »). Toutefois, lors de l’épisode du 7 février dernier, j’ai été stupéfait de la réaction des investisseurs sur la société « Pimpant », une marque écoresponsable de Dives-sur-Mer (Calvados) proposant des produits rechargeables pour l’hygiène.
Honnêtement ce type de projet n’est pas vraiment ma came car cela semblait être le nième projet sur ce sujet. Néanmoins, les fondateurs, Karline et Baptiste Hamain ont été bons. Vraiment bons dans leur pitch. Plus on avançait, plus le projet prenait de l’intérêt.
Un beau background, une offre solide, une réelle traction et un vrai chiffre d’affaires (passage de 1 M€ en 2022 à 3 M€ en 2023) et bien évidemment un « why » extraordinaire : qui ne veut pas faire disparaître les déchets que l’on peut éviter !
Tout se passait bien. Tous les feux étaient au vert. Jusqu’au moment où Karline et Baptiste Hamain valorisent leur organisation du travail : télétravail principalement et semaine de 4 jours…
Et là… C’est le drame… Les investisseurs font des mines d’enterrement, soupirent, grognent… « Monter une boîte c’est la guerre ! », « le télétravail, ça ne marche pas », « vous êtes en mode touristes les gars ».
Allô, non mais allô ! T’es un entrepreneur et t’as pas de temps pour te donner à fond dans ton business… Je reste sur mon séant devant de telles réactions… Et les gars, Pimpant fait 3 M€ de CA en 3 ans !? C’est enfiler des perles ça ?
Retour vers le passé
Cela me rappelle les discours entendus il y a 25 ans quand aux premiers temps du web et que je bossais chez iBazar (pour les plus jeunes, cette société a été rachetée par eBay). « Ça ne marchera jamais, c’est une mode qui va passer », « Les gens ont besoin de voir les produits, d’un contact avec un vendeur ». Exactement les mêmes arguments que pour dénigrer le télétravail ! Force est de constater que le digital au global et la vente en ligne spécifiquement ont pris légèrement de l’ampleur…
N’en déplaise aux investisseurs du plateau de M6, je mets une pièce sur le développement du télétravail à moyen terme. Ce mode de travail a explosé avec le Covid-19 et s’il se contracte en ce moment, il va se redévelopper dans les prochaines années, comme le digital après sa crise d’adolescence au début des années 2000.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que c’est une forte demande (et pas que des jeunes, loin de là), pour avoir un bon équilibre vie pro et perso (la fameuse QVT).
Parce que les Français quittent (ou fuient) les grandes villes et donc les lieux où sont agglutinés les bureaux. C’est une tendance démographique lourde.
Parce qu’il est source de performances s’il est bien utilisé. Dans mon entreprise, antvoice, nous sommes, avec succès, en remote à 80 %.
Mais alors quel est le problème du télétravail, c’est en fait qu’il est souvent mal utilisé et mal organisé. D’une part, il ne remplacera pas le travail sur site. Il s’agit d’un complément, comme l’e-commerce est un complément de la vente physique. D’autre part, l’organisation du travail doit être adaptée et refondue comme nous l’avons fait chez antvoice.
En fait, ceux qui le décrient préfèrent le combattre plutôt que de comprendre cette opportunité et de s’adapter. Exactement comme pour le web il y a 25 ans.