Augustin GARCIA
Éditeur de IN DATA VERITAS
Dinosaure de la presse informatique, il fait ses armes comme journaliste au Groupe Tests (01net, L’Ordinateur Individuel, 01 Informatique, Décision Micro et Réseaux, MicroStrad…), puis il intègre l’agence de communication Pleon. Aujourd’hui, passionné d’IA génératives, il imagine des prompts.
Elles n’ont pas seulement conquis Instagram, mais ont également attiré l’attention et les investissements de géants tels que BMW, Prada, Louis Vuitton, Dior et Adidas. L’ironie ? Elles n’existent pas au sens biologique du terme.
Principal pouvoir : le don d’ubiquité
L’ascension fulgurante de ces icônes numériques dénote une transition majeure dans nos interactions avec le contenu médiatique. Ces entités, produits d’algorithmes complexes et de rendus graphiques avancés, vont de Lu do Magalu avec ses 6,9 millions de followers à Aitana Lopez et ses 311 000 fidèles. Chaque avatar, avec sa personnalité et son esthétique soigneusement construites, cible des segments spécifiques, proposant des contenus qui oscillent entre promotion de marques de luxe et défense de causes sociales comme les droits LGBTQ+ et les droits des femmes.
Les marques voient dans ces avatars une opportunité en or. Exemptés de fatigue, sans risque d’erreur humaine ou de scandales, ces influenceurs virtuels offrent une image de marque constante et contrôlée. Leurs publications, exemptés des imprévus humains, sont un terrain fertile pour des campagnes de marketing sans accroc. De plus, leur capacité à atteindre une audience internationale sans les barrières traditionnelles comme la langue ou la culture, font d’eux des ambassadeurs de choix pour un marché global.
L’avantage majeur des influenceurs virtuels réside dans leur coût relativement bas comparé aux influenceurs humains. Les marques cherchent constamment à optimiser leurs dépenses publicitaires, et les avatars numériques offrent une solution économique. La gestion d’un avatar ne requiert pas de salaire continu, de contrats de travail ou d’assurances, ce qui réduit considérablement les dépenses. De plus, les avatars peuvent être programmés pour générer du contenu à une cadence rapide et régulière sans nécessiter de repos, maximisant ainsi leur efficacité.
Avatars virtuels, reflet des dualités humaines
Cependant, tout n’est pas rose dans le jardin numérique des avatars. À côté des avatars qui promeuvent des causes nobles, certains sont utilisés pour alimenter des contenus moins louables, tels que des vidéos à caractère pornographique. Cette polarité soulève une question épineuse : ces avatars renforcent-ils les stéréotypes et les biais de leurs créateurs humains ? La réponse n’est pas tranchée, mais le débat est bien vivant.
La tendance des avatars influenceurs n’est pas nouvelle. Des pionniers comme Lu Do Magalu ont pavé la voie bien avant que l’engouement actuel ne prenne forme. Mais avec la « Tik-Tokisation » annoncée de plateformes professionnelles telles que LinkedIn, où les contenus médias (images et vidéos) deviennent de plus en plus prédominants, on peut s’interroger sur l’avenir de l’influence digitale. Serons-nous bientôt témoins de la montée en puissance de la première e-influenceuse sur LinkedIn ?
Et en France ?
Anne Kerdi est la figure emblématique de l’influence virtuelle en France. Créée par un habitant du Finistère, Anne est une IA qui utilise Instagram pour promouvoir les richesses culturelles et touristiques de la Bretagne. Anne Kerdi, dont le nom évoque Anne de Bretagne et inclut un jeu de mots avec les initiales « AI » (intelligence artificielle en anglais), offre un visage engageant pour des publications variées, couvrant la gastronomie, l’économie, et les événements régionaux. Avec moins de 10 000 followers, on est loin du mannequin IA espagnol, mais elle démontre que ce type d’influence pourrait avoir sa place en France.
Vers un avenir incertain
L’émergence des avatars comme nouvelles célébrités du numérique pose des questions fondamentales sur l’authenticité et l’impact de l’intelligence artificielle sur nos perceptions. Ces avatars, bien qu’entités de pixels et de codes, façonnent les désirs, les opinions et les comportements de millions de personnes. Ils sont à la fois un miroir de nos aspirations et une projection de nos fantasmes technologiques.
Au final, les avatars virtuels ne sont que la pointe de l’iceberg dans le vaste océan de l’IA, un signe avant-coureur des profonds changements qui s’annoncent dans notre manière de vivre, de travailler et de jouer. Alors que nous plongeons de plus en plus profondément dans cet univers digital, une question demeure : sommes-nous prêts à accepter ces « personnes » numériques comme une partie intégrante de notre réalité sociale ? L’avenir, imprégné d’ironie et d’incertitude, nous le dira.
Avatars IA : le top 10
Lu Do Magalu
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