Augustin GARCIA
Éditeur de IN DATA VERITAS
Dinosaure de la presse informatique, il fait ses armes comme journaliste au Groupe Tests (01net, L’Ordinateur Individuel, 01 Informatique, Décision Micro et Réseaux, MicroStrad…), puis il intègre l’agence de communication Pleon. Aujourd’hui, passionné d’IA génératives, il imagine des prompts.
Le principe est plus que simple. Les algorithmes des plateformes privilégient le contenu qui génère beaucoup de « likes » et d’interactions. Dès lors quoi de plus tentant que de donner plus de visibilité à une publication ? Le ver est en chemin.
Jusque-là, l’algorithme encourageait la production de contenus sensationnalistes ou superficiels au détriment de publications plus authentiques ou réfléchies. L’authenticité, base de tous les réseaux sociaux, n’était plus vraiment au rendez-vous.
Face à aux algorithmes, des stratégies ont vu le jour : des groupes de personnes (les communautés privées) likaient, interagissaient, commentaient pour s’entraider comme avec le Monsieur « Plus » de la publicité Bahlsen. Cela restait, bon enfant, et d’aucuns y voyaient une réponse astucieuse au joug des algorithmes.
Désormais, les Pods sont passés à la vitesse supérieure. Ils se sont organisés, mieux ils se sont automatisés. Flashback. Vous vous souvenez de cette photographie où une femme postée devant une centaine de smartphones ajoutait des likes manuellement. Oubliez ces « fermes », elles sont depuis fort longtemps dépassées. Car s’il est facile de cliquer pour un engagement de type « Like », ajouter un commentaire, dans la bonne langue, s’avère bien plus complexe… du moins en théorie.
La technologie pour le meilleur et pour le pire…
« Pods are the new farms », tel pourrait être le titre de cette nouvelle série Netflix. Avec comme acteurs, des extensions Chrome. Il y a même des stars : le célèbre feu Alcapod (il était gratuit et a préféré disparaître avant de prendre la foudre des plateformes), Podawaa et Lempod. Leur rôle, plutôt basique, consiste à renseigner le lien vers un post, à choisir les commentaires, et tous les comptes associés se feront un plaisir d’y aller de leurs « Bravo », « Génial », « Excellent ». Rien de bien complexe. L’engagement manuel a juste été automatisé. Mais depuis l’avènement de l’IA, le carburant ajouté aux conversations est monté en octanes. Les commentaires deviennent plus pertinents, la supercherie plus grande.
LinkedIn, tout comme Facebook, travaille à la vérification des profils et à une meilleure détection des commentaires. Mais force est de constater que des influenceurs de pacotille obtiennent des « Top Voice » malgré la grande pauvreté des contenus générés… Le ver a mangé le fruit.
À l’heure de la monnaie de singe numérique
L’expression « monnaie de singe » remonte à des temps anciens et fait référence à quelque chose qui n’a pas de valeur réelle ou tangible. Appliquée à l’ère numérique, et en particulier aux « likes » sur les réseaux sociaux, cette expression prend un sens particulièrement percutant. Dans ce contexte, un « like » peut être vu comme une récompense facile à donner et à recevoir, mais qui n’offre pas de valeur concrète ou durable.
Aujourd’hui, les « likes » sont devenus une forme de validation sociale instantanée. Ils donnent l’impression d’une approbation ou d’un soutien, mais celle-ci est souvent éphémère. Les individus, notamment les jeunes, recherchent activement ces signes d’approbation numérique, entraînant une dépendance aux réseaux sociaux et une quête constante de validation externe.
Cette addiction se révèle très néfaste pour l’estime de soi et le bien-être psychologique, car la valeur personnelle commence à être mesurée en termes de reconnaissance virtuelle plutôt qu’en réalisations concrètes ou en relations significatives.
Faut-il baisser les bras ?
Une lueur d’espoir réside dans le potentiel d’évolution des comportements en ligne et dans la capacité des individus et des plateformes à s’adapter pour favoriser des interactions plus authentiques et significatives. Les réseaux sociaux ont le pouvoir de connecter les gens, de soutenir des causes importantes et de propulser des mouvements sociaux. Ils sont des espaces d’expression créative, d’apprentissage et de partage de connaissances. Lorsqu’ils sont utilisés avec intention et discernement, ils enrichissent nos vies et nos communautés.
Des initiatives visant à promouvoir l’authenticité et à lutter contre les manipulations algorithmiques commencent à émerger, que ce soit par le biais de nouvelles fonctionnalités développées par les plateformes elles-mêmes ou par l’adoption de comportements plus réfléchis par les utilisateurs.
Enfin, la prise de conscience croissante des effets négatifs de la dépendance aux réseaux sociaux sur la santé mentale incite de nombreuses personnes à repenser leur relation avec ces plateformes.