Quel a été le rôle de l’intelligence artificielle dans la prévisualisation des images destinées à la direction artistique pour vos projets ?
Je suis réalisateur « classique » (pub, clips, documentaires) et, depuis un peu moins de deux ans, j’évalue l’IA dans le cadre de mon activité afin de bien appréhender comment je pourrais l’intégrer à mon processus créatif.
Mes premiers pas, je les ai faits avec Midjourney 3. Assimilant les nouvelles fonctionnalités au fur et à mesure des versions. Comme tout le monde, j’ai gardé un œil sur les autres produits tels que DALL-E d’OpenAI ou encore Leonardo AI.
L’IA me sert essentiellement à prévisualiser les images que je veux proposer à mes clients. En d’autres termes, c’est une aide à la direction artistique. Mais avec l’arrivée de Runway et Pika, j’ai commencé à échafauder l’hypothèse de bâtir une animation ou un film de A & Z en full IA.
Comment avez-vous abordé le thème de l’opposition et de la complémentarité esthétiques dans votre travail personnel et dans la publicité fictive pour le parfum « Blanc nuit » ?
Je me suis imposé un format court type publicité et un produit fictif, en l’occurrence un parfum, pour que ce petit exercice soit compatible avec les images que j’élabore pour mon plaisir.
Dans cette « production » personnelle, je joue beaucoup autour des contrastes, du noir, du blanc, sur les oppositions…. Avec une certaine récurrence autour de personnages aux peaux sombres et, à l’inverse, très claires.
Là, on touche à des choses un peu inconscientes mais je dirai qu’il s’agit d’oppositions ou de complémentarités esthétiques qui me parlent, tout simplement.
Mes travaux personnels sont visibles sur mon Instagram dédié à l’IA.
Avec cette publicité pour un parfum fictif, j’ai donc imaginé un petit récit autour de ces deux femmes dont on peut penser qu’elles sont de part et d’autre d’un lac imaginaire, qu’elles entreprennent de traverser pour se retrouver.
J’ai souhaité mettre dans ce film une sensualité élégante, une poésie de l’image, en jouant sur les éléments de décors, sur la surface du lac, les roses, les montagnes environnantes, sur ce temps qui semble suspendu.
J’ai voulu aussi me confronter à la visualisation sous-marine, à l’interaction (elles se rejoignent et s’embrassent), à la gestion physique (les cheveux et les roses flottent, l’eau bouge…).
De ces contraintes auto-imposées est donc né ce film « Blanc nuit » consacré à ce parfum virtuel .
Quels ont été les étapes techniques et les défis rencontrés pour créer le film publicitaire avec l’aide de l’IA ?
Techniquement, il n’y a pas de secrets, on est sur une base de plusieurs centaines de prompts et de générations sur Midjourney pour arriver à des images qui collaient à mes attentes et ambitions… et qui, en plus, rentraient dans mon « univers ».
Ensuite, d’innombrables générations ont été nécessaires dans Runway pour arriver à un début de quelque chose. Une tâche compliquée et besogneuse.
Enfin, et c’est presque le plus simple, un montage sur Adobe Première pro et l’ajout d’une musique achetée sur un site (une musique non IA, donc). Et, j’oubliais, quelques retouches — assez peu en réalité — sur Adobe AfterEffects pour caler les détails comme les parties textuelles.