Augustin GARCIA
Éditeur de IN DATA VERITAS
Dinosaure de la presse informatique, il fait ses armes comme journaliste au Groupe Tests (01net, L’Ordinateur Individuel, 01 Informatique, Décision Micro et Réseaux, MicroStrad…), puis il intègre l’agence de communication Pleon. Aujourd’hui, passionné d’IA génératives, il imagine des prompts.
Depuis ses débuts, le SEO a vu son visage changer maintes et maintes fois. Entre les mises à jour de Google telles que Panda, Penguin, et les innombrables ajustements qui visent à rendre l’expérience utilisateur plus fluide et pertinente, le SEO a toujours été un jeu de stratégies adaptatives. Le SEO repose sur la création de contenu pertinent, l’optimisation technique des pages web, les backlinks, et le choix de mots-clés, tout cela pour être bien vu par les moteurs de recherche et apparaître en tête des résultats.
Mais cette approche demande un équilibre précaire entre les attentes des moteurs de recherche et celles des utilisateurs. C’est ici que le GEO fait son entrée, en proposant une toute nouvelle manière de créer et d’optimiser le contenu.
Qu’est-ce que le GEO ?
Le Generative Engine Optimization est une approche qui mise sur l’intelligence artificielle générative pour créer du contenu. Là où le SEO se concentre sur l’optimisation de contenu existant pour le rendre attrayant pour les moteurs de recherche, le GEO va un cran plus loin : il crée directement le contenu. Imaginez une intelligence artificielle capable d’écrire des articles, des descriptions de produits, ou même des blogs entièrement adaptés aux besoins d’un utilisateur et répondant aux critères d’optimisation pour les moteurs de recherche.
Le GEO utilise des modèles de langage comme GPT (comme celui qui écrit ces lignes) pour générer du texte. Ces modèles sont capables de traiter des milliards de données, d’apprendre des meilleures pratiques SEO et de répliquer ces techniques, tout en créant du contenu à une vitesse que l’humain ne peut égaler. Le résultat ? Un contenu optimisé, adapté, créatif, sans effort humain majeur.
Les différences majeures : SEO vs GEO
Critères de sélection du contenu
La question que tout le monde se pose à propos du GEO est de savoir si les moteurs de recherche basés sur l’IA s’appuient sur les mêmes critères que le SEO pour déterminer quels contenus afficher. La réponse est à la fois oui et non, car les deux stratégies, bien qu’elles aient des points communs, reposent sur des principes fondamentalement différents.
Le SEO traditionnel met l’accent sur des éléments techniques comme la crawlabilité, le budget crawl, la structure de la page, mais aussi des éléments sémantiques et d’autorité pour améliorer le classement d’une page dans les résultats de recherche. L’objectif est de répondre aux critères des algorithmes des moteurs de recherche traditionnels pour maximiser la visibilité dans les SERP (pages de résultats).
Le GEO, en revanche, se concentre davantage sur la qualité intrinsèque du contenu. Les moteurs de recherche IA valorisent la capacité du contenu à répondre directement et efficacement aux questions des utilisateurs. Ils utilisent des algorithmes de traitement du langage naturel pour comprendre le contexte des requêtes et privilégient les contenus qui sont non seulement informatifs, mais aussi bien structurés, lisibles, et pertinents. Ainsi, le GEO met moins l’accent sur les aspects techniques traditionnels du SEO et davantage sur la pertinence contextuelle et la profondeur du contenu.
Création contre Optimisation
Le SEO, comme son nom l’indique, est avant tout une question d’optimisation. Il s’agit de prendre un contenu, de l’améliorer, de jouer avec les mots-clés, et de peaufiner l’aspect technique pour plaire aux moteurs de recherche. Le GEO, en revanche, crée le contenu lui-même. Il s’affranchit de l’étape de rédaction humaine, ce qui peut représenter un gain de temps énorme.
Adaptabilité en temps réel
Là où le SEO exige de la veille constante et des ajustements réguliers pour rester pertinent face aux changements d’algorithmes, le GEO s’adapte instantanément. Les modèles d’IA qui génèrent le contenu peuvent être constamment mis à jour avec les nouvelles pratiques, éliminant la nécessité de revoir et de modifier manuellement chaque page web.
La qualité et la créativité
L’un des points souvent débattus concerne la qualité du contenu. Le SEO, grâce à la rédaction humaine, permet une qualité nuancée, riche en expérience et en savoir-faire spécifique. Les contenus générés par le GEO sont efficaces, mais parfois perçus comme manquant d’âme ou d’une touche humaine, ce qui peut poser un problème dans des secteurs où la connexion émotionnelle est cruciale.
Un récent exemple de ces tensions est l’affaire impliquant le New York Times et Perplexity AI. Le journal a enjoint Perplexity AI de cesser d’utiliser son contenu sans autorisation, évoquant une pratique assimilée à du « pillage » de données. Ce type de conflit illustre bien les défis éthiques et juridiques posés par l’utilisation de contenu existant pour entraîner les modèles IA. Cela met en lumière les enjeux auxquels les créateurs de moteurs IA doivent faire face pour trouver un équilibre entre innovation et respect des droits d’auteur.
Ces moteurs basés sur l’IA privilégient des réponses précises, générées à partir de multiples sources et adaptées aux requêtes spécifiques des utilisateurs. Ainsi, le contenu doit non seulement être informatif, mais aussi suffisamment qualitatif pour être sélectionné et intégré dans les réponses générées. Cela modifie la dynamique traditionnelle du SEO, où il fallait optimiser pour être cliqué, pour passer à une logique où il faut être assez pertinent pour être synthétisé par l’IA.
Influence du GEO sur le SEA
L’arrivée du GEO avec les moteurs de recherche IA peut avoir un effet notable sur le SEA (Search Engine Advertising). Le SEA consiste à placer des annonces payantes dans les pages de résultats des moteurs de recherche pour augmenter la visibilité d’un site web. Cependant, avec l’essor des moteurs de recherche IA, la manière dont les annonces sont perçues et intégrées dans les résultats de recherche est susceptible de changer.
Le concept même du SEA, dans les moteurs de recherche, est basé sur l’idée que les utilisateurs verront et cliqueront sur des annonces placées de manière stratégique dans les résultats de recherche. Or, dans une interface où les réponses sont générées et présentées par l’IA, les annonces traditionnelles risquent de paraître intrusives, voire discordantes, par rapport au contenu fluide et contextualisé produit par l’IA. L’objectif des moteurs de recherche IA est de fournir des réponses directes et efficaces aux questions des utilisateurs, ce qui réduit l’importance de la navigation supplémentaire où les annonces SEA pourraient jouer un rôle.
Cette contradiction pourrait diminuer l’efficacité des annonces SEA, car les utilisateurs pourraient percevoir ces annonces comme une interruption de leur expérience de recherche. De plus, dans un environnement où l’IA génère des contenus contextuellement pertinents, les annonces qui ne sont pas alignées sur ce contexte pourraient être ignorées ou, pire, nuire à l’expérience utilisateur.
Le GEO : Vers une réinvention du SEA ?
Face à ces défis, les moteurs de recherche IA devront innover pour réinventer le SEA dans ce nouveau contexte. Des stratégies comme la publicité native, où les annonces sont conçues pour se fondre dans le contenu environnant, pourraient être explorées davantage. De plus, la transparence dans la présentation des annonces deviendra cruciale pour ne pas altérer la confiance des utilisateurs dans les réponses générées par l’IA.
Une autre solution pourrait consister à permettre aux entreprises de payer pour que leurs contenus soient priorisés ou mis en avant dans les réponses générées par l’IA. Cette approche offrirait une nouvelle forme de publicité, où les marques pourraient sponsoriser des réponses spécifiques ou garantir que leur contenu est inclus de manière privilégiée dans les réponses synthétiques de l’IA.
Cependant, cette option soulève des questions de transparence et d’éthique. Il serait essentiel de maintenir la confiance des utilisateurs en veillant à ce que toute publicité intégrée dans les réponses IA soit clairement indiquée comme telle, sans compromettre l’objectivité ou la qualité de l’information fournie.
Conséquences du GEO sur la CRO
La CRO (Conversion Rate Optimization), qui vise à augmenter le pourcentage de visiteurs d’un site web qui se convertissent en clients ou accomplissent une action souhaitée, subit également les effets de l’arrivée du GEO. Avec une supposée utilisation croissante des moteurs de recherche IA, la manière dont les utilisateurs naviguent et interagissent avec le contenu change fondamentalement.
Par exemple, si un utilisateur obtient une réponse complète et satisfaisante directement via un moteur de recherche IA, il est possible qu’il n’ait même pas besoin de visiter le site source. Cela peut réduire le trafic direct vers les sites, ce qui complique la tâche des experts CRO qui comptent sur le flux de visiteurs pour tester et optimiser les conversions.
Pour faire face à ces défis, il est crucial de comprendre les nouvelles attentes des utilisateurs. Les utilisateurs d’aujourd’hui cherchent des réponses rapides, précises, et personnalisées.
L’évolution vers des moteurs de recherche IA modifie également la manière dont les utilisateurs naviguent et ce qu’ils attendent des résultats de recherche. Plutôt que de passer par une série de liens pour trouver l’information, les utilisateurs s’attendent de plus en plus à des réponses immédiates, contextuelles et complètes. C’est aussi pour cela que la recherche vocale gagne de plus en plus de terrain.
Les internautes valorisent de plus en plus le contenu qui est non seulement informatif, mais aussi engageant, qui partage une expérience (exemple de l’UGC — User Generated Content) et directement pertinent à leurs besoins spécifiques. Cela signifie que les stratégies de contenu doivent se concentrer davantage sur la personnalisation et la pertinence contextuelle.