Makéda PECASTAING
Head of Public relations and Communications – Forum InCyber (FIC)
Journaliste télé et radio spécialisée en politique et en relations internationales à collaboratrice au Sénat américain, elle poursuit sa carrière comme consultante en communication stratégique et relations publiques, en France, aux États-Unis et en Afrique de l’Est avant de rejoindre le FIC.
L’année 2023 a notamment vu le pays s’élever au premier rang des marchés européens de start-ups, attirant 9,3 milliards d’euros d’investissements en capital-risque, selon PitchBook. Plus impressionnant encore, la France abrite plus de 300 start-ups spécialisées en IA, avec une croissance annuelle de 30 %, parmi lesquelles la licorne Mistral AI se distingue en atteignant une valorisation de 1,86 milliard d’euros en moins d’un an.
Paris, capitale française, s’est affirmée comme le lieu de prédilection en Europe pour les grands laboratoires d’IA privés. Ces derniers ont établi d’importants partenariats avec l’écosystème de recherche local, permettant aux spécialistes français d’accéder à des technologies de pointe. Un phénomène symbolique de ce basculement est l’installation du laboratoire FAIR de Facebook à Paris en 2015, sous l’impulsion de Yann LeCun, figure emblématique de l’apprentissage profond et lauréat du prix Turing. Cet événement a pavé la voie à d’autres géants de la Tech, tels que Samsung Electronics (2018) et Google (2018), qui ont également ouvert leurs propres centres de recherche en France.
Qui aurait parié que les plus grandes entreprises mondiales délaisseraient la Californie pour s’installer à Paris ? C’est pourtant une réalité. D’autres se poseraient la question : ces investissements massifs en capital-risque sont-ils le signe d’un écosystème IA durablement prospère en France, ou reflètent-ils une bulle spéculative prête à éclater ?
La France ne se contente pas d’accueillir des entités de grandes entreprises internationales ; elle innove également avec l’ouverture de Kyutai en novembre 2023, le premier laboratoire européen d’initiative privée dédié à la recherche ouverte en IA, situé au sein de STATION F, le plus grand campus de start-ups au monde. En février 2024, Google a consolidé sa présence en inaugurant un hub unique à Paris, regroupant 300 chercheurs et ingénieurs, une initiative saluée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
Comment expliquer cette réussite française ?
Cette réussite française dans le domaine de l’IA s’explique par une combinaison unique de facteurs : un solide réseau de formation et de recherche, une politique gouvernementale incitative, et une capacité à attirer les talents et les investissements internationaux. Les initiatives privées et publiques ont créé un terreau fertile pour l’innovation et l’expérimentation, permettant à la France de se positionner comme un leader dans le paysage mondial de l’IA.
En effet, cette transformation de la France en un hub d’IA de premier plan est soutenue par une riche tradition d’excellence académique et une politique gouvernementale favorable à l’innovation et à la recherche en IA. Le pays bénéficie d’une forte synergie entre le secteur public et les entreprises privées, favorisant un environnement propice à l’expérimentation, à la collaboration, et à l’accélération du transfert de connaissances.
Outre les laboratoires de recherche et les investissements massifs, la France brille également par ses start-ups en IA, qui couvrent un large éventail de domaines, allant de la santé à la sécurité, en passant par l’éducation et l’écologie. Des entreprises comme Artefact, Dust, Giskard, Hugging Face, et bien d’autres, témoignent de la diversité et de la richesse de l’écosystème IA français. Elles contribuent non seulement à l’avancement technologique, mais aussi à la résolution de problématiques sociétales complexes grâce à l’intelligence artificielle.
Comme le souligne Bloomberg, la France est-elle en train de définir un nouveau modèle pour l’innovation technologique mondiale, ou son « moment IA » est-il simplement un alignement temporaire de circonstances favorables ?