Lorsque l’on ouvre une page ChatGPT ou Copilot, nul panneau ne signale la direction. Pas de flèche vers Dublin, Amsterdam ou l’État du Tennessee. L’illusion d’un espace local règne. Pourtant, les IA les plus utilisées en France vivent ailleurs.
Microsoft Copilot, dans sa version destinée aux entreprises, stocke les données en Europe, souvent en France. La promesse paraît solide, mais reste encadrée par un droit américain qui continue de s’imposer en coulisse. Dans sa version grand public, Copilot se sert d’une infrastructure mondiale plus mouvante. Le trafic européen traverse volontiers l’Europe, mais rien n’assure un confinement strict.
ChatGPT, dans sa version grand public, suit un schéma beaucoup plus simple. Les données s’inscrivent dans des environnements majoritairement situés aux États-Unis. Le service revendique une conformité européenne, mais la localisation du stockage ne dépend jamais de l’utilisateur français.
Grok, l’IA de xAI, incarne le cas le plus limpide. L’infrastructure se trouve en territoire américain. Memphis, Atlanta, des hangars bardés de GPU et aucune ambition déclarée de poser un pied en Europe pour l’hébergement.
Google avance en deux temps. Gemini grand public se nourrit de l’infrastructure mondiale du groupe, sans restriction géographique claire. En revanche, les entreprises clientes de Google Workspace bloquent leurs données dans des régions européennes. Deux visages pour un même géant.
Mistral occupe une place singulière. L’entreprise française se présente comme un acteur européen ancré localement. Le Chat et les services professionnels reposent sur une infrastructure annoncée comme européenne, avec un accent sur la France. La carte complète reste volontairement discrète, mais le projet s’écarte du modèle américain.
Anthropic, avec Claude, garde une base essentiellement nord-américaine. En France, la version grand public envoie les données outre-Atlantique. Les entreprises qui passent par des clouds européens créent parfois une enclave régionale pour les données, mais l’intelligence du modèle continue de vivre ailleurs.
Meta AI, enfin, oscille entre deux continents. Le géant dispose de datacenters en Europe et aux États-Unis. Les échanges des Français transitent dans cet écosystème hybride où la frontière juridique reste plus politique que technique.
La conclusion saute aux yeux. L’IA parle français, mais vit rarement en France. Et le lieu où elle dort ne dit jamais tout du pouvoir juridique qui s’exerce sur elle.
Augustin GARCIA
IA grand public, données très privées
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Mistral, Proton et la tentation d’une IA européenne
Fiche Microsoft Copilot
Fiche OpenAI ChatGPT
Fiche xAI Grok
Fiche Google Gemini
Fiche Mistral AI
Fiche Anthropic Claude
Fiche Meta AI
Fiche Proton Lumo






















