Bruno SANVOISIN
BS Conseil & Communication.
Bruno évolue dans le milieu des relations médias depuis 25 ans et a fait sa carrière en agences de RP, locales et internationales. En 2009, il crée BS Conseil & Communication. Il est également VP du SYNAP.
En mars 2023, le SYNAP — le Syndicat National des Professionnels des Relations Médias — sondait ses membres sur l’utilisation qu’ils faisaient de l’IA générationnelle dans le cadre de l’exercice de leur métier. Les chiffres étaient plutôt sans appel : seuls 35 % d’entre eux avaient déjà produit du contenu RP grâce à l’IA. En effet, comme tout changement drastique dans un secteur donné, la méfiance est de mise et c’est bien normal.
Un gros travail de sensibilisation et de formation
Mais face à ce constat et face à l’immense étendue de possibilité qu’offre ce nouvel outil — oui, j’ai bien écrit « outil » —, les syndicats professionnels encadrant la profession de chargé de RP ont mis en place des actions ambitieuses de formation et d’information.
Ainsi, en moins de six mois, peu d’attachés de presse n’utilisent pas ChatGPT ou consorts. Et pour cause : ils ont compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer de cette innovation et ont pu être accompagnés dans la prise en main de l’outil, qui par les organisations professionnelles, qui par des collègues ou confrères.
Alors, quelle utilisation ?
Parmi les principales utilisations que font les attachés de presse de l’IA générationnelle, on retrouve majoritairement la rédaction de documents presse — communiqués de presse, avis d’expert, alertes médias… En deuxième position, l’on retrouve la création de pitchs dédiés pour « cibler » précisément un média ou un journaliste donné. En 3ème position, l’outil est utilisé pour réaliser des synthèses de documents longs et compliqués.
Et si l’on regarde bien ces cas d’utilisation, on se rend vite compte que ce sont souvent des tâches que l’on peut affecter à des alternants ou à des stagiaires, afin de les former et de faire gagner du temps aux professionnels des RP.
Mais comme le précisait un intervenant à l’occasion d’un atelier organisé par le SYNAP pour ses adhérents : « Vous n’avez aucune raison de vous inquiéter pour votre poste, en revanche, avec le temps que vous allez gagner par l’utilisation de l’outil, vos alternants ou stagiaires, eux, auront du souci à se faire ».
Alors, l’IA va-t-elle se substituer aux stagiaires et alternants ?
Eh bien, en étant direct, je répondrais à cette question par la négative.
En revanche, il me semble évident que les profils recrutés et les missions affectées à ces « petites mains » (sans côté péjoratif) devraient drastiquement changer.
La première des qualités qui devrait être recherchée chez un alternant ou un stagiaire sera sa capacité à intégrer rapidement les connaissances approfondies nécessaires sur un client ou sur un secteur donné. Vous me direz : « Oui, enfin c’était déjà le cas, non ? ». Je vous répondrai que dans l’idéal, oui, c’est effectivement ce qui est recherché, mais dans les faits, ce n’était jusque-là pas très important.
Avec l’avènement toujours plus prégnant des IA génératives dans les services de RP ou les agences de relations médias, cela va devenir nécessaire. Et pourquoi ? Tout simplement parce que ce sera un basique pour créer les prompts les plus performants.
Ce qui nous amène à la deuxième compétence qui devrait être demandée — voire exigée — aux candidats à l’alternance ou aux stages : savoir rédiger des prompts performants et efficaces.
Pour conclure, même si l’utilisation des IA générationnelles dans les services ou agences de relations médias est amenée à fragiliser la place des stagiaires et alternants en leur sein, cette innovation représente une réelle opportunité pour les apprenants de développer de nouvelles compétences et d’apporter une réelle valeur ajoutée dans la relation média pour les structures qui les recrutera.
Et que dire de l’opportunité supplémentaire qui sera offerte aux apprenants en recherche d’alternance ou de stages par de petites structures sans service de RP dédié ou sans les moyens nécessaires pour engager une agence ? Disposer d’un stagiaire augmenté par l’IA, pour ce type de structure, c’est un bon compromis… Après, on peut débattre, bien évidemment, sur l’intérêt pour un apprenant en mission en entreprise de devoir faire le travail d’un vrai professionnel sans personne pour lui apprendre les ficelles du métier. Mais cela est un autre sujet.