Alban PELTIER
CEO et Co-fondateur @ antvoice
Alban évolue dans le digital depuis 20 ans, et a multiplié les expériences dans des startups (iBazar, Sporever), de grands groupes (MSN), ou en tant que business angel (Geolid, MHD) et entrepreneur (Looneo).
Imaginez un monde où la création d’une campagne publicitaire se fait en un claquement de doigts. Où chaque annonceur dialogue avec une intelligence artificielle pour tisser le récit de sa marque. Ce monde n’est plus une utopie ; l’IA générative (IAG) est sur le point de le rendre réalité.
Déjà, la publicité en ligne se nourrit d’IA
Depuis des années, la publicité digitale tire parti de l’intelligence artificielle pour se sculpter un visage plus performant, plus ciblé. Elle se booste à base d’algorithmes d’analyse de la data, de ciblage de trading, d’optimisation… Oubliez les fax et les tableaux Excel d’antan ; aujourd’hui, l’optimisation d’une campagne se fait en quelques clics. L’IA n’est donc pas une nouveauté pour ce secteur.
L’IAG, une nouvelle vague, véritable déferlante
Plus qu’une simple évolution, c’est une révolution. L’IAG représente une seconde vague d’algorithmes qui devrait impacter massivement la façon dont on gère la publicité en ligne. On peut imaginer à très court terme de multiples utilisations.
Prenons l’exemple de Google et de sa « nouvelle expérience conversationnelle ». Imaginez dialoguer avec Gemini, l’IAG de Google, pour orchestrer de A à Z votre prochaine campagne Search. Stratégie, budget, créatifs : tout y passe, comme si vous aviez une agence marketing à votre disposition, 24/7… Et votre seul travail est de lui raconter clairement une histoire cohérente et précise.
« Je veux promouvoir sur 3 mois mes produits vendus sur mon site Superteeshirt.com. Je veux toucher une cible des jeunes cinéphiles et mélomanes entre 18 et 24 ans. Attention, je souhaite toucher uniquement de nouveaux visiteurs, pas mes clients, avec une mise en avant forte de mes produits visuellement.
Il faudrait exposer cette cible 6 fois sur le mois, en commençant par leur montrer notre vidéo évoquant l’ADN de notre marque, puis en leur exposant nos produits. Pour ceux qui semblent les plus intéressés, tu peux leur offrir un discount de 5 %.
L’objectif est de générer le maximum de vente et que le coût du média ne dépasse pas 30 % du prix HT du produit. Pour cela, j’ai 25 000 € sur les 3 prochains mois ».
Voilà le type de brief que vous pourriez lancer à une IAG, qui, en retour, vous concocterait un plan média sur mesure, des formats créatifs à couper le souffle (bannière ou texte ou même vidéo), et lancerait votre campagne sur tous les fronts en prenant soin de vous faire une estimation précise des résultats escomptés.
Avec cet exemple futuriste pour le moment, on voit bien que l’IA générative pourrait être un point de bascule clairement vers une approche plus sur mesure et efficace. L’ère de la personnalisation à l’extrême est à nos portes.
Mais quid de l’humain dans tout ça ?
Doit-on craindre pour nos emplois ? Si l’idée peut sembler séduisante sur le papier, la réalité est bien plus nuancée. Les IAG, aussi avancées soient-elles, ne sont pas prêtes à prendre le contrôle. Leur force réside dans leur capacité à exécuter des tâches spécifiques avec une précision inégalée, mais elles peinent encore à appréhender la complexité du monde publicitaire dans son entièreté.
Nous sommes, en effet, encore très très loin d’avoir la capacité de gérer toutes les étapes de la chaîne. Comme c’est déjà le cas, il n’existe pas une IAG, mais des IAG expertes et utilisables pour des choses bien définies. Il suffit de voir la différence entre les résultats de MidJourney pour l’image vs ChatGPT. Déjà à ce niveau il y a une spécialisation… La difficulté de l’IA a toujours été de gérer des choses très différentes. À ce stade nous sommes encore très loin d’avoir le Skynet de la publicité digitale.
En revanche, c’est clairement un outil essentiel pour les professionnels du marketing digital qui vont pouvoir gagner du temps grâce à ces outils, que cela soit pour créer une liste de mots clés, un post sur les réseaux sociaux ou une série de visuels.
Le Futur de la publicité ne se joue pas sans nous. Bien au contraire, il nous appartient de diriger cette symphonie technologique. De la créativité à la supervision, en passant par le respect des réglementations, notre rôle reste central. L’IAG, dans toute sa splendeur, devient notre plus précieux allié, nous libérant pour explorer des horizons créatifs jusque-là inimaginables.
L’Homme a encore un quadruple rôle donc :
- d’une part la coordination des différentes tâches gérées par l’IAG ou d’autres humains ;
- d’autre part un apport de créativité que cela soit dans le storytelling ou la création elle-même ;
- par ailleurs, l’humain doit encore gérer de nombreux sujets ingérables par l’IAG comme le respect des environnements réglementaires par exemple (droits d’auteur, gestion des données personnelles…).
- Et enfin la supervision.
Une IAG, si puissante soit-elle, n’est pas encore capable de gérer autant de subtilités que notre bon vieux cerveau.
À l’image d’une usine automobile ou une large partie des voitures est montée par des robots sous la supervision des humains, qui interviennent encore pour certaines tâches spécifiques, nous aurons certainement un formidable duo IAG/humain dans les prochaines années qui permettra de créer des campagnes digitales plus créatives et plus efficaces.
Finalement, nous sommes à l’aube d’une révolution où l’intelligence humaine, épaulée par l’IAG, va redéfinir les contours de la publicité. Un monde où l’innovation n’a pas de limite, où chaque campagne publicitaire peut devenir une œuvre d’art, façonnée par l’esprit humain et exécutée par la technologie aux bras multiples, efficaces et puissants.
Le rêve en fait…