Augustin GARCIA
Éditeur de IN DATA VERITAS
Dinosaure de la presse informatique, il fait ses armes comme journaliste au Groupe Tests (01net, L’Ordinateur Individuel, 01 Informatique, Décision Micro et Réseaux, MicroStrad…), puis il intègre l’agence de communication Pleon. Aujourd’hui, passionné d’IA génératives, il imagine des prompts.
Au Canada, Martine Peters, directrice du Partenariat universitaire sur la prévention du plagiat (PUPP), a travaillé sur une série de trois pictogrammes : NIA (Non-recours à l’IA), GIA (Généré par l’IA) et AIA (Aidé de l’IA). Une idée pertinente pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, ils apportent une clarté essentielle dans un domaine où la confusion règne souvent. En identifiant clairement si une œuvre a été créée sans recours à l’IA (NIA), générée par l’IA (GIA) ou aidée par l’IA (AIA), ces pictogrammes permettent aux « spectateurs », aux critiques d’art et aux autres artistes de comprendre l’origine et le processus de création d’une œuvre. Cela favorise une transparence nécessaire dans le monde de l’art contemporain.
Ensuite, ces pictogrammes encouragent l’intégrité et l’honnêteté dans la création artistique. Les artistes et les institutions sont incités à divulguer leur utilisation de l’IA, ce qui peut prévenir des accusations de plagiat ou de tromperie. Cette démarche protège à la fois les droits des créateurs et la confiance du public envers les œuvres qu’il apprécie.
De plus, l’utilisation de ces pictogrammes peut aider à valoriser les différentes formes de création. En reconnaissant les œuvres générées ou aidées par l’IA, on reconnaît également l’innovation technologique et les nouvelles pratiques artistiques qui émergent. Cela permet de célébrer les diverses manières dont l’art peut être produit et apprécié dans une société de plus en plus numérique.
Enfin, ils peuvent servir d’outil pédagogique, car ils sensibilisent le public à la complexité et à la diversité des processus créatifs modernes. En éduquant les gens sur les distinctions entre œuvres humaines et œuvres assistées par l’IA, ils contribuent à une meilleure compréhension et appréciation de l’évolution du paysage artistique actuel.
Une réponse à l’inquiétude des artistes ? Absolument. Les artistes traditionnels craignent de plus en plus que leur travail soit dilué ou même dévalorisé par l’afflux de créations IA. Certains plaident pour une réglementation stricte, tandis que d’autres proposent une collaboration harmonieuse entre humains et machines, où l’IA serait un outil parmi d’autres dans l’arsenal créatif. Pourtant, la frontière entre aide et substitution reste floue et sujette à interprétation, alimentant les controverses.
En réponse à ces inquiétudes, certaines institutions culturelles et éducatives s’efforcent d’éduquer le public et les créateurs sur les implications de l’utilisation de l’IA dans l’art. Elles mettent en place des ateliers, des conférences et des expositions pour explorer les possibilités offertes par l’IA tout en soulignant l’importance de l’originalité et de la créativité humaine. Cette démarche vise à instaurer un dialogue constructif et à préparer les générations futures à un paysage artistique où l’IA occupe une place grandissante, mais où l’humain reste au centre de la réflexion et de l’innovation.
À l’image de Patrick Foch, réalisateur de films de pub, nombre d’« artistes IA » se disent favorables à la mise en place de tels procédés d’identification.
Seriez-vous intéressé par un algorithme capable d’identifier les influences précises dans les images générées par l’IA ?
Absolument. Un algorithme capable d’identifier précisément d’où viennent les éléments d’une image générée par IA serait révolutionnaire. Cela permettrait une plus grande conscience de nos influences et pourrait faciliter une rémunération équitable pour l’utilisation d’éléments spécifiques d’autres artistes, similaire au sampling musical.
Comment cette transparence pourrait-elle impacter la création artistique avec l’IA ?
Elle limiterait probablement l’utilisation directe de références à des artistes spécifiques dans les prompts, encourageant ainsi une approche plus originale et consciente. Cela pourrait également introduire une nouvelle dynamique dans la création artistique, où la compréhension et l’attribution des influences deviennent partie intégrante du processus créatif.