Depuis l’irruption des IA génératives, un consensus commode s’est installé : les modèles se vaudraient, seuls les usages feraient la différence. En relations médias, cette idée rassure. Elle permet surtout d’éviter une question plus inconfortable : toutes les IA ne sont pas entraînées pour servir les mêmes arbitrages.
Les premières versions de ChatGPT, comme ses concurrents, rendaient service. Elles accéléraient la production, amélioraient la formulation, facilitaient la synthèse. Mais elles échouaient systématiquement au même endroit : la sélection. Trop d’arguments, trop de pistes, trop de prudence. Des pitchs propres, mais interchangeables. Autrement dit, immédiatement identifiables par les journalistes.
ChatGPT 5.2 introduit une rupture moins visible, mais plus structurante.
La différence ne tient pas au style, ni au volume généré, mais à un changement de comportement du modèle. Lors de tests comparatifs simples (génération de notes d’angle à partir d’un même corpus d’informations), ChatGPT 5.2 montre une capacité nouvelle à éliminer plutôt qu’à empiler. Il réduit volontairement le champ des possibles, hiérarchise plus agressivement, et accepte de sacrifier de l’exhaustivité au profit de la lisibilité.
En RP, ce choix n’est pas cosmétique. Il est décisif.
Trois IA, trois logiques cognitives
Gemini reste extrêmement performant dans la logique moteur. Il agrège, contextualise, met en relation des volumes importants de données. Pour la veille, le fact-checking ou la préparation de fond, c’est un atout réel. Mais en relations médias, cette abondance informationnelle devient vite contre-productive. Le modèle éclaire, mais refuse implicitement de trancher. Or un journaliste n’attend pas un panorama : il attend un point de vue clair, assumé, limité.
Grok, à l’inverse, privilégie la réactivité et la conversation. Il produit vite, avec un ton souvent percutant, parfois plus audacieux que ses concurrents. Cette vivacité a une valeur, notamment pour capter un signal faible ou tester une formulation. Mais elle se paie par une forte variabilité. Les angles fluctuent, les priorités bougent, la cohérence s’effrite. En relations médias, cette instabilité complique le travail dans la durée.
ChatGPT 5.2 adopte une posture différente. Il ne cherche ni à tout dire ni à répondre à tout. Il impose un cadre. Cette capacité à maintenir une hiérarchie éditoriale stable (même lorsque les consignes évoluent) est moins spectaculaire qu’une réponse brillante. Elle est infiniment plus utile.
Ce n’est pas une supériorité technologique absolue. C’est un cadrage du raisonnement plus proche de celui d’une rédaction.
L’IA ne remplace pas l’attaché de presse, elle l’oblige à arbitrer
Évidemment, le risque existe. Utilisé sans recul, ChatGPT 5.2 peut standardiser les angles aussi efficacement qu’il les améliore. Il peut produire des pitchs « propres », mais trop lisses. La différence, c’est que ce risque devient visible. Et donc gérable.
Car plus le modèle est capable de proposer un angle publiable, plus il met en lumière une réalité rarement formulée : beaucoup de contenus RP échouaient moins par manque d’outils que par absence de choix éditoriaux clairs. ChatGPT 5.2 ne crée pas cette faiblesse. Il la rend impossible à dissimuler.
La valeur de l’attaché de presse ne se situe plus dans la capacité à produire vite, ni même à produire bien. Elle se situe dans la capacité à contredire la machine. À refuser un angle pourtant cohérent. À injecter du contexte politique, relationnel, humain, que le modèle ne perçoit pas encore. À décider ce qui mérite d’être dit… et ce qui doit rester hors champ.
ChatGPT 5.2 ne fabrique pas de meilleurs RP. Il fait mieux : il rend visibles les écarts de niveau. Dans un paysage médiatique saturé, ce n’est plus la quantité ni la vitesse qui font la différence. C’est la pertinence. Et, pour la première fois, l’IA commence à l’évaluer sans indulgence.
Bruno SANVOISIN
Co-Président du SYNAP
Consultant RP chez Influactive























