L’illusion d’une relation sans relation
L’intelligence froide, aux lignes bien huilées,
Frappe aux portes des RP, sans jamais s’excuser.
Elle promet des gains, des textes par milliers,
Mais sait-elle écouter, douter, improviser ?
Un mail bien formulé, produit par un moteur,
Ne perçoit pas l’humeur, ni l’agenda, ni l’heure.
Un article attendu, une info bien placée,
N’émerge pas d’un prompt, mais d’un lien cultivé.
Les relations presse sont un jeu de confiance,
Un pacte invisible, un réseau de présence.
L’IA classe, trie, calcule et segmente,
Mais ignore le respect qu’instille l’attente.
Elle connaît les mots, mais non leur poids humain.
Elle saisit la forme, mais non le fond, soudain.
L’envie d’un journaliste, sa colère, sa crainte,
Échappent au radar d’une machine feinte.
Oui, certains y verront un progrès nécessaire,
Pour ceux qui noient le sens sous l’opérationnel.
Mais à trop confier nos messages à des vers,
C’est l’âme du métier que l’on met à la mer.
Doit-on déléguer l’échange à des syntaxes ?
La relance à des bots, la veille à des climax ?
Quel futur souhaitons-nous pour notre profession :
Des flux sans chaleur ou des voix avec passion ?
Loin d’être technophobes, les RP doivent penser :
Jusqu’où la machine peut-elle nous remplacer ?
Elle peut accélérer, oui, mais non incarner.
Elle peut filtrer, jamais interpréter.
Un communiqué bien né ne vit que s’il résonne,
Pas seulement s’il clique, s’il buzz ou s’il cartonne.
Et ce frisson ténu, ce lien que l’on tisse,
Échappe aux griffes froides d’un code qui se hisse.
Alors, ouvrons les bras, sans baisser la tête.
Que l’IA soit un bras, jamais la tête prête.
Gardons l’essentiel, ce qui fait notre force :
L’instinct, le contact, l’élan, la ressource.
Car dans ce monde dense, en quête de repères,
L’attaché de presse reste un passe-frontières.
Un traducteur du réel, un bâtisseur de ponts,
Qui donne du sens aux flux et du cœur aux tons.
Bruno SANVOISIN
Co-Président du SYNAP