Sophie DECAUDIN
BPR France.
Active dans les relations publiques et les médias depuis 25 ans, Sophie Decaudin possède une connaissance approfondie du marché des technologies de l’information et des services B2B.
En 2011, elle fonde BPR France et travaille pour des clients désireux de développer des campagnes de relations publiques avisées, tant sur le contenu que sur le processus.
L’IA, multiplicateur de possibilités
Si elle n’est pas aussi récente qu’on pourrait le penser (sa dénomination date des années 1950), l’intelligence artificielle a indéniablement pris de l’ampleur ces dernières années, si bien qu’on lit son nom sur toutes les lèvres. Par toutes les opportunités qu’elle offre, pour un nombre quasi infini d’applications, on ne compte plus les entreprises qui l’ont adoptée pour se simplifier grandement la vie.
Pour ce qui est des relations presse et relations médias, on remarque un intérêt grandissant, notamment aux États-Unis, pour cette technologie au très fort potentiel. Mais que peut-elle bien nous apporter ?
Les attachés de presse peuvent tirer profit de l’émergence de l’IA générative (genAI) pour créer du contenu, comme des communiqués de presse ou des rapports, avec une rapidité sans précédent. Puisant dans gigantesques volumes linguistiques, les outils fondés sur la genAI (comme le désormais très célèbre ChatGPT) peuvent considérablement faciliter le travail de rédaction de contenus RP.
Mais ce n’est pas tout. Grâce à l’IA, nous pouvons maintenant faire une veille des médias et effectuer des recherches beaucoup plus facilement ; ou encore gagner du temps sur nos compte-rendu de réunion et nos retranscriptions de brief.
Toutes ces tâches facilitées par l’IA font que cette dernière est plutôt plébiscitée chez les RP (63 % de satisfaction selon Prowly). Mais sa grande puissance suscite également des interrogations, voire des inquiétudes.
Des craintes souvent justifiées
Certes, l’IA a son lot de bénéfices, mais le revers de la médaille peut s’avérer lourd de conséquences. Nous l’avons bien vu avec l’apparition des deep-fakes, la propagation de fake news, ainsi que les hallucinations – des informations erronées générées automatiquement -, qui alimentent légitimement notre méfiance.
Question cybersécurité, l’intelligence artificielle peut également nous jouer de très mauvais tours si on laisse entre ses mains des données confidentielles. En outre, l’IA générative s’appuyant sur des textes existants, la problématique de la propriété intellectuelle est très fréquemment soulevée.
Par ailleurs, et là encore c’est tout à fait légitime, nous sommes nombreux à déplorer le manque de fibre humaine et de créativité dans les résultats générés par l’intelligence artificielle. Dans notre métier où l’humain prime avant tout, et où notre communication se doit d’être taillée selon le client et le journaliste, compter uniquement sur l’IA s’avérerait un jeu très dangereux. C’est pourquoi il nous faut garder en tête que la maintenir dans son rôle d’assistant est la clé pour en tirer le meilleur parti.
Délimiter l’IA : la clé de la réussite
Pour nous mettre à l’abri des mauvaises surprises que peut nous donner l’IA dans l’exercice de notre métier, il apparaît essentiel d’encadrer son utilisation. En France, le Syndicat du Conseil en Relations Publics (SCRP) a pris les devants en élaborant une « Déclaration d’engagements en matière d’utilisation des IA génératives ». Fondée sur dix principes, elle encourage une utilisation éthique de la genAI afin de maintenir une grande qualité de travail dans le domaine des RP.
Une déclaration qui n’est pas sans rappeler non plus les règles éthiques de notre profession notamment le Code d’éthique internationale des relations publics (dit « Code d’Athènes » actualisé plusieurs fois depuis sa signature en 1965).
On ne peut que louer ce genre d’initiatives : il nous faut respecter et faire respecter ces principes. Les relations médias étant un chainon incontournable dans la fabrication et la circulation de l’information, notre métier se doit de garantir son authenticité, tout en respectant la propriété intellectuelle. Alors, si l’intelligence artificielle a d’indéniables bénéfices, lui imposer des délimitations précises est une étape clé pour nous assurer qu’elle joue en notre faveur, et uniquement en notre faveur.